Simulacres et parodies
Dans le cadre du colloque et des expos Entre code et corps : tableau vivant et photographie mise en scène / Toulouse mars 2010. Laboratoire Lettres, Langue et Arts de l'Univesité Toulouse Mirail.
Lamentations
Nzif Topçuoglu, Courtesy Flatland Gallery Utrecht-Paris
Le Chateau d'Eau a dit
La vocation documentaire accordée à la photographie estompe la place que la mise en scène et le « tableau vivant » occupent pourtant depuis le XIXe siècle dans son histoire. Les photographes s’emparent de la photographie, détournent ses modalités et la plient à leurs besoins ; au début, pour satisfaire le goût d’une époque et palier les limites techniques comme la faible sensibilité des émulsions, plus tard pour s’approcher d’une vérité que la seule empreinte n’atteint pas, pour donner corps à des images mentales ou pour questionner le médium.
Mises en scène de studio ou arrangements à l’aide des outils numériques constituent cette exposition. Elle s’articule en trois propositions agissant dans les productions contemporaines : pastiche de la peinture, parodie d’une iconographie populaire, jeu sur la valeur indicielle qu’on donne à la photographie.
Photographies de : Nazif Topçuoglu / Rauf Mamedov / Bachelot et Caron / Collectif Odessa
Barbora Kleinhamplova & Katerina Drzkova / David Rosenfeld / Vincent Debanne
Que dire de plus ?
Je n' y connais toujours rien à la photo mais voici la dernière expo du Chateau d'Eau ! Et c'était bizarre ... Même si toutes les expos que j'ai vu là-bas m'ont interpellées (et d'ailleurs c'est un des objectifs recherchés), celle-ci était particulièrement saisissante.
Le parti pris de pastiche de la peinture classiques est poussé à l'extrême et aboutit à des images obscènes et déangeantes, ou les corps s'enmêlent. Volontairement non manipulé, le spectateur est témoin de l'indiscible (homicides, souffrance physique et psychque, ..). Ce sont Nazif Topçuoglu et Rauf Mamedov qui s'illustrent dans le domaine. Tout comme les illustrateurs Bachelot et Caron qui mettent en scène le crime sur des photos "gélifiées".
The Last Supper, Rauf Mamedov (ou un bar e poivrots à Rignac)
Pour ce qui est du pastiche iconographique, les images rappellent celles de la publicité et du marketing. Elles sont colorées et font figures d'images d'épinal de la société de consommation ou l'être, l'avoir et le paraitre sont intimement mêlés. L'humain se définit par les objets qu'il possède ou qui l'entourent ... Tout aussi effrayant ! (série "espèces d'espaces" de Barbora Kleinhamplova).
J'ai eu plus de mal à décrypter le travail sur la valeur idicielle qu'on donne de la photographie. Je parlerai donc plutôt de la seconde galerie où, toujours dans le même cadre, sont exposées The troops of defense de Vincent Debanne. C'est une parodie de fourmilière, les antennes et la communication en moins. Ou alors une parodie des troupes intergalactiques qui déambulent dans l'étoile de la mort ...
Il y a aussi Les faux-passants de David Rosenfeld dans cette salle. Mais comme ils ont l'air de vrais passants, j'imagine que la manipulation fonctionne dans cette série.
En conclusion : une expo intéessante dont il serait dommage de se priver si vous êtes de passage à Toulouse. Et c'est dommage que je n'ai pas le loisir d'approfondir ce thème au CIAM et à l'espace écureuil.
Site Internet du Château d'Eau : link