Couleur de peau : miel, de Jung
Soit j'ai raté le film, soit il n'est pas passé à Pau (sûrement la première solution). En tout cas, je me suis précipitée sur la BD à la médiathèque et j'ai lu les deux tomes d'une seule traite.
C'est un récit autobiographique qui traite de l'adoption et de ses problématiques. Au delà de la question politique et sociale soulevée en Corée du Sud par "l'exportation" massive d'enfants adoptés à travers le monde depuis la guerre de Corée, Jung décrit son ressenti individuel et ses émotions : sentiment d'abandon, honte, déculturation (poussée à l'extrême entre la Corée et la Belgique) et reculturation forcées, questionnements refoulés par rapport à aux parents biologiques, quête inconsciente des origines malgré un sentiment de rejet, angoisses, problèmes de santé physiques et psychiques graves certainement dus à ces angoisses, manque de confiance en soi et dans les autres (principalement sa famille belge et ses parents adoptifs ...). Il faut dire que dans les années 70 en Belgique, les enfants adoptés et leurs parents adoptifs ne semblaient pas très aidés à faire face à une situation complexe, notamment en matière de suivi psychologique d'explications comportementales.
Les dessins et le vocabulaires simples, presque enfantins, rendent les propos d'autant plus percutants et touchants.
Ecrire le scénario et dessiner cette BD a du constituer une sorte de psychanalyse et de défouloir pour l'auteur. Le succès rencontré par la BD puis par le film éponyme a certainement mis en lumière une question à la fois géopolitique et individuelle méconnue.