Shutter Island
Martin SCORSESE
USA 2009 2h18mn VOSTF
avec Leonardo Di Caprio, Mark Ruffalo, Michelle Williams, Ben Kingsley, Emily Mortimer, Jackie Earle Haley, Max von Sydow, Patricia Clarkson, Elias Koteas...
Scénario de Laeta Kalogridis, d'après le roman de Dennis Lehane
Utopia a dit
Dennis Lehane, c’est l’un des très grands du roman noir américain actuel. Pour vous situer, il est l’auteur de Mystic River, dont Clint Eastwood a tiré un film grandiose et, plus récemment, d’un gros bouquin extraordinaire, Un pays à l'aube, épopée sombre et lyrique sur les Etats-Unis à la fin des années 1910. Il dresse dans ses bouquins (tous publiés chez Rivages) le portrait d’une Amérique sans repère où ses personnages n’en finissent pas de se démener avec leur passé trouble, leurs traumatismes, leurs cauchemars.
Shutter Island ne déroge pas à cette règle : c’est un roman virtuose qui vous étouffe autant qu’il vous envoûte, le genre que vous avez du mal à lâcher, tant vous mourez d’envie d’avancer un peu plus loin dans les méandres d’une histoire qui est tout à la fois thriller psychologique, roman policier gothique et conte fantastique. Adapter un tel bouquin pouvait sembler impossible : comment rendre la complexité et la profondeur du récit en 2 heures de film, comment ne pas perdre l’essence même du roman, son angoissante aura, son parfum obsédant de folie et de terreur ?
Il fallait un maître qui n’a plus rien à prouver, qui n’a pas peur d’être englouti par son projet, un type qui carbure à la passion du cinéma. Avec son immense culture cinématographique, Scorsese s’est appropriée le récit de Shutter IslandLaura d’Otto Preminger, des films de Jacques Tourneur et de Nicholas Ray, Le Procès d’Orson Welles, La Maison du Diable de Robert Wise… Et pour la quatrième fois, Scorsese retrouve Leonardo di Caprio qui, au fil des ans et des films, gagne en profondeur de jeu, en intensité et habite le film du début à la fin (les scènes où il n’apparaît pas se comptent sur les doigts d’une main).
1954. Le marshal Teddy Daniels et son adjoint Chuck Aule débarquent sur une île transformée en hôpital psychiatrique pour criminels dangereux. L'une des « patientes » a disparu, mais comment aurait-elle pu quitter ces lieux, trop escarpés, trop éloignés de la terre ferme ? D’ailleurs elle semble s’être volatilisée de sa cellule, à la manière d’un mystère de la Chambre Jaune. Cette jeune femme a tué ses trois enfants dans un accès de folie et sa photo montre une beauté incandescente, aux yeux écarquillés par la peur. Les deux policiers comprennent très vite que leur enquête ne ressemblera à aucune autre. Médecins trop affables, aides soignants silencieux, infirmières fuyantes, patients inquiétants, mystérieux, silencieux… on leur cache des choses. Teddy Daniels ne cesse d'empiler de fausses réponses à ses questions, passant de l'inquiétude à l'angoisse puis des soupçons à la terreur…
Les médecins sont-ils rassemblés ici pour tenter des expériences inavouables comme les nazis ? Qui ou quoi se cache derrière cette mystérieuse forteresse dont on leur a interdit l’accès ? Le Docteur Cawley est-il si dévoué à ses patients qu’il le laisse entendre ? Qui est Rachel Solendo ?
Virtuose et flippant, Shutter Island va vous glacer les os, vous faire tourner le sang et travailler les méninges… et le but, c’est que vous adoriez ça !
Que dire de plus ?

C'était notre rendez-vous traditionnel du dimanche à Toulouse : déjeuner au bistro d'Utopia Tournefeuille et film du début d'après-midi. Avec le soleil en prime, on n'a encore une fois pas été déçus !

Ma note : 4/5