La BM du Seigneur, de Jean-Charles Hue

Publié le par La fée Paradis

 

 

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France 2010 1h24mn

avec les gens du voyage du camps de Beauvais : Fred Dorkel, Joseph Dorkel dit Jo, Michaël Dauber, Moïse Dorkel, Philippe Martin dit Tintin, Nina Dorkel, Violette Dorkel, Maurice Serge Noyal, Kelly Noyal et Emily Dorkel...

 

 

Utopia a dit


 

Il a une sacrée gueule, Fred. Et un corps en acier trempé qu’on aimerait pas trop croiser au détour d’une promenade dominicale, des fois que nous viendrait l’idée d’aller traîner nos guêtres dans la campagne du 60, du côté de Beauvais. Pourtant c’est là, près de chez nous, coincé entre les champs de betteraves et l’aéroport low-cost qui vous envoie à Dublin pour 28 euros que l’inconnu habite. Un autre étrange aux mœurs bizarres et aux coutumes que l’on jugerait de prime abord ridicules tant elles sont éloignées de notre petite vie bourgeoise bien civilisée. Cet autre qui vit là, c’est notre voisin, on ne le connaît pas et il fout les pétoches : c’est un gitan, c’est Fred.

 

Alors voilà, la grande force de ce film mal aimable, rugueux comme le baiser du mal rasé, aussi vif et surprenant qu’un coup de boule (celui que l’on prend sans avoir eu le temps de prononcer le premier mot de la premier phrase de l’explication), c’est de nous ouvrir les portes des caravanes et de nous raconter ces gens-là, eux que l’on ne connaît que par des clichés, quand au JT il s’agit de nommer quelques boucs émissaires ou qu’un ministre de l’intérieur a besoin d’agiter le chiffon rouge de la peur. Un voyage pour pas cher en terra incognita, pas franchement exotique ni vraiment plaisant mais qui bouscule nos codes et nos certitudes.

 

 

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C’est un univers clos, radicalement et farouchement fermé sur lui-même, un univers kitsch au possible où l’on ne s’encombre pas de formules de politesse, où l’on s’envoie comme mot doux des «ma couille» à tout va, un petit microcosme viril et violent où les conflits se règlent en famille et par les poings au milieu du bitume défraichi d’une aire de parking. Dans cet univers de mecs où la bagnole est le centre des tous les intérêts, de toutes les convoitises, les femmes sont pourtant omniprésentes, mais seulement pour celui qui veut bien les voir. Reléguées en arrière-plan, engluées dans ce cliché qui les cantonne à la cuisine avec les mômes, elles ont pourtant souvent le dernier mot, celui qui dicte avec autorité que le poivrot dormira dehors à la belle étoile et qu’il n’est nul besoin de gémir : la porte de la caravane restera résolument fermée. Et si on les voit finalement assez peu, leur passage laisse une trace comme ces héroïnes des tragédies grecques, n’existant pas ou si peu aux yeux de leur homme combattant mais dont l’absence est une amputation à l’équilibre de toute la société. Fred est l’un de ceux-là, une sorte de guerrier qui revient toujours au bercail après la bataille. Son odyssée à lui est urbaine et se fait aux alentours, sa proie est la bagnole ; mais pas n’importe laquelle : la BM. Et si elle est blanche, c’est la classe intégrale.
Le gros Fred est voleur de BM, chouraveur comme d’autres Gitans, comme d’autres, ailleurs, dans les banlieues ou la province, les pavillons ou les HLM, chez les reubeux ou les céfrans de souche – les voleurs, on les trouveras toujours là où il y a des difficultés sociales. Voleur de BM, donc, et plutôt doué dans sa partie.

 

Mais Fred va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie et en chambouler tous les codes : il va croiser un ange ; un ange envoyé par Dieu, il en est convaincu. Chez les gens du voyage, on ne rigole pas avec ça, Dieu est une affaire très sérieuse et les grandes messes évangéliques auxquelles la communauté participe activement soudent les fidèles tout autant que les bastons ou les barbecues géants aux abords des caravanes. Croyant dur comme fer à ce message de l’au-delà, Fred va être pris entre deux élans contradictoires : l’appel des BM et celui de Jésus-Christ.

Filmé de l’intérieur par un artiste (Jean-Charles Hue est aussi vidéaste) qui a su se faire accepter de la communauté gitane, La BM du Seigneur va au-delà du simple portrait naturaliste d’un milieu. Si la crudité, la vulgarité parfois, l’exubérance du parler des personnages (tous non professionnels et jouant là leur propre rôle) nous dérangent ; si on ressent parfois une gêne, voire un malaise face à un discours ou des attitudes nous paraissant habités par une profonde bêtise, on se laisse envahir par une petite pépite crasseuse qui brille ici de mille feux : la lueur d’authenticité qui habite tous ces humains. Vrais quand ils se foutent sur la gueule pour ne pas salir l’honneur de leur aîné, vrais dans leur amitié qu’ils jurent immortelle et dans l’affection qu’ils se portent les uns aux autres et vrais dans leur foi qu’ils vivent en toute naïveté. Alors notre culture branchée et ultra référencée, notre goût tendance pour le scepticisme et notre manière si habile de se penser altruiste se frottent et se piquent fortement au contact de ces corps peu avenants d’où émane pourtant une belle lumière qui n’est pas divine mais humaine, tout simplement.

 

 

Que dire de plus ?

 

 

C''est le premier article écrit sur mon nouveau Eee PC Asus, un petit PC noir mat format bijou de sac à main, que je peux enmener partout avec moi, et en l'occurence à Toulouse ce week-end. J'ai longuement hésité : lorgnage sur le Mac Book Air 11 pouces dans un premier temps, mais c'était un peu cher pour nos usages. J'ai ensuite regardé les I Pad et autres tablettes numériques, mais ce ne sont pas des petits ordi et ça ne correspondait pas à nos besoins non plus. C'est à ce moment là que j'ai découvert l'existence des petits sony écran 8 pouces eux aussi assez chers et plutôt difficiles à trouver dans d'autres couleurs que vert ou rose fluo.

Après ce tour d'horizon effectué en plus d'un mois, j'ai opté, vendredi dernier (après être allée chez Picard : Il ne faut jamais dire Fontaine ... ) pour un modèle classique et plus économique assorti d'une garantie de deux ans et d'un anti-virus spécifique. Pour l'instant j'en suis très satisfaite et je vous ferai part de l'évolution de cette satisfaction au fur et à mesure.

 

Revenons au film.

 

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C'est un quasi documentaire rare et surprenant qu'on a vu hier soir. Le scénario n'est pas très complexes mais c'est dur de rentrer dans le quotidien de personnes à la fois si proches (géographie mais aussi codes vestimentaires et aspiration à la consommation et aux loisirs) et si loin (valeurs, mode de vie, vocabulaire, respect absolu des anciens, ...) de nous, dans un autre monde.

 

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Les codes de cette communauté peuvent nous choquer : banalisation du port d'arme, du vol et de la baston, place de  la femme, rôle des enfants, mode de vie communautaire ... C'est cependant montré avec beaucoup de respect et de finesse, sans jugement, sans vision moralisatrice et sans ethnocentrisme. Pas de pathos, ni de misérabilisme non plus.

 

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Je ne sais pas si j'ai aimé ce film, en tout cas il m'a parlé, touché et appris, et c'est ce qu'il faut attendre du cinéma ! 

 

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Ma note : 3,5/5

Publié dans Ciné

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