Anders Petersen, de Café Lehmitz à City Diary

Publié le par La fée Paradis



                                City Diary, Anders Peterson

































Lehmitz , Anders Peterson






Le Château d'Eau a dit :


Voilà déjà longtemps que le photographe suédois Anders Petersen s’est défait de la question du reportage pour s’engager dans une démarche plus libre et plus introspective. Photographier est pour lui une manière de se frayer un chemin dans la vie, dans sa vie.

Cette exposition révèle l’univers d’un homme qui cultive l’empathie pour les personnes ordinaires ou abîmée par la vie, comme l’intelligence de la rencontre. Elle met l’accent sur une écriture photographique singulière qui s’affirmait dès les premières images.


Deux ensembles sont mis en correspondance : «Café Lehmitz», travail emblématique réalisé entre 1967 et 1970, et le dernier opus «City diary» rassemblant des photographies prises dans différentes villes d’Europe de 1984 à 2009. Pour Café Lehmitz, la cinquantaine de vintages exposés, sera accompagnée d'une projection inédites des 360 photographies que le jeune Anders avait punaisé sur les murs du Café Lehmitz en 1970 pour une première présentation adressée à tous ses amis les habitués de l'établissement.

 



J’aime regarder.
Je voudrais avoir le regard innocent d’un enfant
et voir le monde pour la première fois.

J’ai remarqué que je ressens de plus en plus le désir d’être primitif, semblable à un chien.
Quelqu’un qui photographierait ses expériences et ses souvenirs
aux marges de l’identité, avant qu’ils ne se compliquent.
Il faut comprendre qu’on trouve plus de vitamines créatives en fouillant dans la terre
qu’en côtoyant les anges dans le ciel.
D’habitude je ne prends pas des photographies à la recherche de la réalité.
La réalité est surévaluée et signifie tant de choses merveilleuses
et contradictoires.
Mais à l’évidence, j’aime cette confusion.
C’est une sorte de plate-forme qui permet de se sentir bien à l’intérieur
et j’ai remarqué
que ça aide, un peu,
d’être petit et timide.
La photographie ne traite jamais de la photographie,
mais parfois elle effleure votre réalité.
Je crois en ce que je ressens, et en l’illuminant
à travers soi, cela peut parfois être un moyen de fixer la vie
avec autant de proximité qu’un autoportrait.
Jamais sans risque, absolument stimulant
Pour moi, il y a des rencontres qui ont de l’importance,
les images en ont moins.
Il suffit de trouver son propre équilibre, sans être
sentimental et sans disparaître lors de ces rencontres
et ces aventures amoureuses.
Il faut avoir un pied dans la situation,
mais garder l’autre au-dehors.
Alors je continue à poser les mêmes questions, sans manières
en sachant qu’il y a plus de caché que de visible.

Toujours étonné par l’imprévisible


Anders Petersen / 2009



Que dire de plus ?


Retour au Château d'Eau après plusieurs mois sans nouvelles expos de photos, et ça fait plaisir.


On était un peu saouls cet après-midi lorsqu'on est arrivés là (repas en amoureux avec un kir à la violette de trop au Bistrot de la Daurade, le Minervois aurait suffit ...) et c'est avec légereté qu'on a abordé le travail de l'artiste.

Dans les deux séries il s'agit de photos dures et crues. Mais l'affection du photographe pour les personnages est palpable. Il parvient à transformer le glauque en beau et en senusuel. Il sublime ceux qu'on ne voit pas ou qu'on ne veut pas voir, tel un sociologue de l'image.

On a commencé par la série City Diary avec une multitude de personnages dans des postures pas forcément avantageuses et dans des lieux peu glamours (je pense notamment à des abattoirs). Ces photos ont été prises dans différentes villes européenns et le lien c'est l'être humain et son intimité. Beaucoup d'humanisme et de sensibilité. 

Café Lehmitz c'est une soirée dans un bar à Hambourg qui réunit ceux que la société rejette (prostituées, travestis, sans-pap ...). La joie de la fête et du bon moment est palpable. C'est à ça qu'on reconnait un bon photographe : les photos de soirées ne sont pas des gos plans mal cadrés  où on a oublié le flash et il a le sens de la perspective et des lumières ! Au fond de la petite salle, il y a un diaporama très complet qui défile accompagné d'un son très punk. J'ai bien aimé.

Cette expo dure jusqu'au 13 décembre 2009 et je conseille à ceux qui ont l'ocasion d'y faire un tour (il n'est pas indispensable de déjeuner au Bistrot de la Daurade avant).


Publié dans Expos

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