Le Procès

Publié le par La fée Paradis




Le Théâtre Sorano a dit :


«La lecture du Procès, livre saturé de malheur et de poésie, nous laisse changés, plus tristes et plus conscients qu’avant. Donc c’est cela, c’est cela la destinée humaine, on peut être persécuté
et puni pour une faute jamais commise, ignorée, que « le tribunal » ne nous révélera jamais… Monter un spectacle est plus que lire. On prend en charge ce monde bouleversé, où toutes les attentes logiques sont déçues. On voyage avec Joseph K. dans des méandres obscurs, par des rues tortueuses qui ne conduisent jamais où tu pourrais t’y attendre… » Primo Levi

On avait sûrement calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin… Dès les premiers mots, Kafka claque la porte du quotidien et l’ouvre sur le monde des pas perdus. Joseph K. pourra bien dériver jusqu’à la nuit des temps, toutes les banquises où s’échouer ont fondu. Son écriture simple, dégagée du superflu mais foisonnante de détails, nous tire sur le chemin de l’expérience intérieure, où seul le doute est permis, où l’on peut se perdre avant d’atteindre le fond mais d’où l’on peut resurgir pour expliquer le monde. A l’inverse de toutes les démarches habituelles. On sait comment cela s’est terminé : dans les vocabulaires du monde entier, jusqu’à en dissoudre le sens… Il n’est plus de situation qui ne soit devenue « kafkaïenne ». Si une mayonnaise rate, c’est la faute de Kafka disait Alexandre Vialatte.

Si le nom de l’auteur désigne communément une situation inextricable et cauchemardesque, Max Brod, le non-exécuteur testamentaire de son ami Kafka, témoigne de l’apport d’une certaine joie
de vivre et de l’humour enclos dans une syntaxe serrée, d’où il s’échappe comme un court-ciruit. «On percevait très distinctement cet humour lorsque Kafka lisait lui-même. Ainsi lorsqu’il fit entendre à ses amis – dont j’étais – le premier chapitre du Procès, tous furent saisis d’un rire irrésistible, et lui-même riait tellement que par instants il ne pouvait continuer sa lecture».

Kafka aimait le théâtre. Dans le Procès, écrit en quelques mois en 1914, tout est pré-disposé : la salle d’audience est une sorte de théâtre, on y applaudit, les personnages semblent réciter des propos mémorisés, l’accusé, pour mieux s’expliquer, déplace des objets, se fabrique un décor… Selon Italo Calvino, un classique est un livre qui tend à reléguer la réalité à un rôle de bruit de fond, mais qui en même temps ne peut pas se passer de ce bruit de fond. Joseph K. évolue dans un monde de claustrophobie dont il faudra rendre l’épaisseur tout en ménageant les griffures, les déchirures, les trous de serrure pour laisser passer le bruit de la vie, la douceur, la musique, la poésie… et les entendre rire encore, Kafka et ses amis, réunis dans une brasserie de Prague, là, en coulisse, juste derrière le décor.

Le Procès. Adaptation Didier Carette, D’après la traduction de Bernard Lortholary, Flammarion, GF (1983) Mise en scène Didier Carette, Marie-Christine Colomb avec la participation d’Hélène Poullin Avec Grégory Bourut, Didier Carette, Céline Cohen, Marie-Christine Colomb, Régis Goudot, Jean-Luc Krauss, Céline Pique, Gilduin Tissier, Tischa Vujicic, avec la participation Jean Castellat et Jean-Stanislas Michalski Création musicale Charlotte Castellat, Céline Cohen et Jean-Stanislas Michalski Scénographie, décor Jean Castellat, Charlotte Presseq Costumes Brigitte Tribouilloy Création lumière Alain Le Nouëne Régie son David Dillies.

Que dire de plus ?

Vraiment très surprenante, rock'nd roll et décalée cette adaptation du Procès ! J'avais lu le livre il y a très longtemps (une ancienne traduction bien moins pertinente qe celle utilisée par le metteur en scène selon l'original de la soirée qui est évidemment venu nous parler à la sortie, comme lors des trois pécédents week-end, look dandy et grosses bagouzes,pipe et verre de vin rouge cette fois). Il faudra mpérativement que je le relise.

La pièce débute par une sorte de prime time (fumée et boule à facettes) animé par un latin loveur sur le retour aux mimiques et blagues kitch. S'en suivent une série de séquences qui retracent l'absurdité du procés dans un système judiciaire corrompu. Elles mettent en scène des personnages loufoques et totalement inattndus : une logeuse travelo soucieuse de la bonne réputation de sa pension, une fée fragile à la vie dissolue,une directrice du greffe clubbeuse, un groupe de metal, des jumeaux eux aussi accusés commplètement soumis à un avocat verreux, une petite acrice blonde hystérique et réjouissante. Le pauvre Joseh K ne trouvera de l'aide auprès d'aucun d'eux mais garde sa dignité et ses tirades pathétiques et culpabilisantes envers le public font leur effet. Entre rir et stupeur durant plus d'une heure et demi !

C'était la dernière de cette pièce à Toulouse et je ne regrette pas d'y être allée, même si c'était un peu speed d'être à l'heure à Toulouse après le boulot.On a aussi pu décoouvrir un nouveau théâtre, un "vrai" cette fois car je n'avais été qu'aux Minimes et aux 3T, des cafés-théâtres.

Publié dans Théâtre

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