Tsar
De Pavel Lounguine
Tzar
Russie / 2009 / 116 ' / couleur / VOSTF
Avec Piotr Mamonov, Youri Kuznetzov et Oleg Yankovsky
Le Méliès a dit
Après la réussite éclatante de l’Île, Lounguine poursuit son exploration de l’âme et de la spiritualité russes ; mais cette fois-ci sur le mode épique, et par le biais d’un film à grand spectacle. Ni tétanisé par le prestigieux Ivan le Terrible d’Eisenstein, ni dupe des efforts de Vladimir Poutine pour faire de lui le cinéaste officiel de son régime, Lounguine brosse un tableau saisissant des dernières années du règne d’Ivan.
En 1565, le tsar ne voit autour de lui que trahison. Sa garde personnelle plonge la Russie dans un bain de sang. Effaré, le métropolite (chef de l'Eglise russe) se réfugie dans un monastère. Ivan envoie alors chercher Filipp, son ami d'enfance, supérieur du monastère des îles Solovki, et le sacre métropolite. Mais le prélat, en tentant de sauver les innocents de la cruauté du tsar, combat de plus en plus le pouvoir…
S’affrontent alors deux visions du monde que tout oppose. Le public russe a réservé un accueil fervent à l’œuvre d’un Lounguine pour qui « aujourd'hui, il n'y a plus de tyran sanguinaire, mais tout le système que Staline avait mis en place est là, intact »
Que dire de plus ?
Il est entendu que Pépé et moi sommes tour à tour et simultanément les Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine de notre couple (cette fois c'était moi Vladimir, sinon on aurait encore était voir un film grand public avec l'excuse de l'horaire qui nous convenait mieux). C'est fort de cette métaphore russe du pouvoir que nous sommes allés voir ce film pour terminer le week-end.
Je ne connaissit pas l'auteur, mais apparament, c'est la tête de proue du cinéma russe contemporain. A vrai dire, à part Eseinstein, je n'y connais rien en cinéma russe. Et même Eseinstein, ce sont des ttrès lointains souvenirs (aucune comparaison possible avec son Ivan le terrible à lui).
Ce film était grandiose ! Une belle métaphore de la folie, du pouvoir, de la folie du pouvoir, de l'humanité face à un pouvoir oppressant, sadique et manipulateur, de la manpulation des foules par la mise en sène d'un énemi imaginaire ou surévalué ...
Le Tsar c'est peut être Staline ou Georges Bush, les polonais ce serait le capitalisme bourgeois ou Al Quaïda, l'évêque Fillip c'est ce qu'aurait du être Pie XII, son neuveux c'est la figure intemporelle du resistant, la garde rapprochée du tsar ce sont les SS ... Et on assiste à la déchéance psychologique d'un homme qui, aussi puissant qu'il soit sur terre, flippe sa race en attendant le jugement dernier, tant il sait qu'il a beaucoup à se reprocher.
Le tout dans une mise en scène effrayante et réaliste, avec des acteurs excellents, et toujours dans un froid sibérien. Ce film m'a énormément touchée et je trouve qu'il pousse à la réflexion, meme si ça manque d'effets spéciaux, de jeunes premiers, de bombes siliconnées dénudées et de happy end ... Vous l'aurez compris, on est loin d'Avatar, et c'est du grand cinéma ! On y allait un peu par hasard, et on a pris une claque.
Ma note : 4 /5