Invictus

Clint EASTWOOD
USA 2009 2h12 VOSTF
avec Morgan Freeman, Matt Damon, Scott Eastwood, Robert Hobbs, Langley Kirkwood, Bonnie Henna...
Scénario d'Anthony Peckam, d'après le livre de John Carlin, Déjouer l'ennemi.
Utopia a dit :
Une fois encore, Clint Eastwood fait mouche avec un sujet tiré de l’histoire récente et qui était fait pour le cinéma. Un personnage emblématique : Nelson Mandela ; une période historique : la fin de l’apartheid ; et un contexte palpitant et haut en couleurs : la coupe du monde de rugby de 1995. Ajoutez à cela Morgan Freeman, immense acteur dont les collaborations avec Eastwood ont toujours été fructueuses (Impitoyable, Million Dollar Baby), et vous obtenez un film tranquillement captivant, émouvant, qui vous prend aux cœur et aux tripes pendant deux heures.
Quant aux questions qui risquent d’en tracasser plus d’un (et plus d’une !) : le rugby n’est-il pas trop présent dans le film ? Ne succombe-t-on pas sous les mêlées, les essais, les coups et les étreintes viriles ? La réponse est claire et nette : NON. D’abord parce que le film est avant tout centré sur le personnage de Nelson Mandela, alors fraîchement élu, et sur ses difficultés à mettre en pratique la politique égalitaire qu’il veut pour une nation « arc-en-ciel ». Ensuite parce que les scènes de rugby sont en réalité concentrées sur la toute fin du film et qu’elles en constituent en quelque sorte le dénouement logique, le climax dramatique. Et ça fonctionne parfaitement, qu’on connaisse le rugby ou pas, qu’on aime le spectacle sportif ou pas !
Nous sommes en 1994, au terme des premières élections multi-raciales de l’histoire de l’Afrique du Sud. Nelson Mandela, libéré de prison depuis trois ans, est le nouveau Président de la République. Il sait qu’en principe son élection consacre la fin de la politique d’apartheid mais il sait surtout que son pays reste dramatiquement divisé, tant au plan racial que social et économique. On n’efface pas d’un revers de manches des siècles de politique ségrégationniste, on ne pardonne pas facilement à ses bourreaux, on n’oublie pas facilement ceux qui vont ont brimé, brisé, méprisé. Mais Mandela n’est pas n’importe qui et celui qui a passé 26 ans de son existence en prison a appris plus que la sagesse : l’intelligence politique. L’homme choisi par son peuple pour incarner le renouveau sud-africain sait que la clé de la réussite de son projet n’est pas dans l’obsession du passé, pas dans l’esprit de revanche.
Alors qu’il cherche par tous les moyens de rassembler le pays, il a l’idée de miser sur le rugby qui, il en est persuadé, peut catalyser les énergies et donner à chacun, noir ou blanc, riche ou pauvre, citadin ou bushman, habitant des quartiers résidentiels ou des townships, un motif commun de joie et de fierté.
Il saisit l’occasion de la prochaine coupe du monde, prévue justement en Afrique du Sud en 1995, pour s’engager à fond dans son organisation. Il fait cause commune avec François Pienaar (Matt Damon, formidable comme souvent), capitaine de la modeste équipe springbok, pour présenter le meilleur groupe possible lors de la compétition et déjouer les pronostics qui ne donnent guère de chance aux Sud-Africains (là, Eastwood et ses scénaristes prennent quelques libertés avec la réalité rubgbystique : les Springboks faisaient partie des favoris de l’épreuve. Mais bon, ne chipotons pas…).
Filmé quasi-intégralement en Afrique du Sud, Invictus (titre d’un poème qui marqua Mandela pendant sa captivité) raconte cet incroyable espoir incarné par un homme hors du commun, qui n’oublia jamais de s’appliquer à lui-même les principes qu’il souhaitait pour son pays. Le film montre ainsi comment, plutôt que de virer toutes celles et ceux de l’ancienne administration De Clerck, il choisit de réunir noirs et blancs pour travailler ensemble…
Que dire de plus :
Après tant de chefs d'oeuvre et surtout après Gran Torino , j'attendais beaucoup de ce film. Vous me direz qu'on n'a pas pris un gros risque non plus.
D'abord le point négatif : à mon sens, ce film est un peu "gentil" et plein de bons sentiments. Ce n'est pas dramatique car l'optimisme n'est pas mon fort et ça ne fait pas de mal de temps en temps. Mais ça enlève "l'éffet claque" de Gran Torino et c'est ce qui fait qu'Invictus n'est pas un chef d'oeuvre.
Comme on ne charge que les mules qui avancent, je n'aurais certainement pas relevé ça d'un réalisateur inconnu. Car ça reste un très bon film ! Même si on connait tous la fin, j'ai été cativée jusqu'au bout tant les acteurs sont excellent (sauf le père de Matt Damon qui frôle la caricature), les images et la bandes sont sont justes et pertinentes et le sujet intéressant, même si on n'y connait rien au rugby.
Invictus pose la question judéo-chrétienne du pardon et lui donne un contenu politique. On peut d'ailleurs extrapoler cette question à propos d'autres évènements historiques récents : l'amnistie générale après le nazisme en Allemagne ou la collaboration en France. Etape nécessaire pour la cohésion sociale ou banalisation du côté obscur de l'humain ?
Du pain et des jeux ... Ce film montre aussi l'instrumentalisation politique du sport pour transcender une nation et glorifier son leader (JO de Berlin en 1936) et faire oublier au peuple les difficultés quotidiennes insolubles (Black Blanc Beur en France en 1998).
Mais je m'égare : Invictus est un super film, optimiste à souhaits, et personne ne peut y être insensible !
Ma note (palmarès 2009 ou 2010 ?) : 4/5
USA 2009 2h12 VOSTF
avec Morgan Freeman, Matt Damon, Scott Eastwood, Robert Hobbs, Langley Kirkwood, Bonnie Henna...
Scénario d'Anthony Peckam, d'après le livre de John Carlin, Déjouer l'ennemi.
Utopia a dit :
Une fois encore, Clint Eastwood fait mouche avec un sujet tiré de l’histoire récente et qui était fait pour le cinéma. Un personnage emblématique : Nelson Mandela ; une période historique : la fin de l’apartheid ; et un contexte palpitant et haut en couleurs : la coupe du monde de rugby de 1995. Ajoutez à cela Morgan Freeman, immense acteur dont les collaborations avec Eastwood ont toujours été fructueuses (Impitoyable, Million Dollar Baby), et vous obtenez un film tranquillement captivant, émouvant, qui vous prend aux cœur et aux tripes pendant deux heures.
Quant aux questions qui risquent d’en tracasser plus d’un (et plus d’une !) : le rugby n’est-il pas trop présent dans le film ? Ne succombe-t-on pas sous les mêlées, les essais, les coups et les étreintes viriles ? La réponse est claire et nette : NON. D’abord parce que le film est avant tout centré sur le personnage de Nelson Mandela, alors fraîchement élu, et sur ses difficultés à mettre en pratique la politique égalitaire qu’il veut pour une nation « arc-en-ciel ». Ensuite parce que les scènes de rugby sont en réalité concentrées sur la toute fin du film et qu’elles en constituent en quelque sorte le dénouement logique, le climax dramatique. Et ça fonctionne parfaitement, qu’on connaisse le rugby ou pas, qu’on aime le spectacle sportif ou pas !
Nous sommes en 1994, au terme des premières élections multi-raciales de l’histoire de l’Afrique du Sud. Nelson Mandela, libéré de prison depuis trois ans, est le nouveau Président de la République. Il sait qu’en principe son élection consacre la fin de la politique d’apartheid mais il sait surtout que son pays reste dramatiquement divisé, tant au plan racial que social et économique. On n’efface pas d’un revers de manches des siècles de politique ségrégationniste, on ne pardonne pas facilement à ses bourreaux, on n’oublie pas facilement ceux qui vont ont brimé, brisé, méprisé. Mais Mandela n’est pas n’importe qui et celui qui a passé 26 ans de son existence en prison a appris plus que la sagesse : l’intelligence politique. L’homme choisi par son peuple pour incarner le renouveau sud-africain sait que la clé de la réussite de son projet n’est pas dans l’obsession du passé, pas dans l’esprit de revanche.
Alors qu’il cherche par tous les moyens de rassembler le pays, il a l’idée de miser sur le rugby qui, il en est persuadé, peut catalyser les énergies et donner à chacun, noir ou blanc, riche ou pauvre, citadin ou bushman, habitant des quartiers résidentiels ou des townships, un motif commun de joie et de fierté.
Il saisit l’occasion de la prochaine coupe du monde, prévue justement en Afrique du Sud en 1995, pour s’engager à fond dans son organisation. Il fait cause commune avec François Pienaar (Matt Damon, formidable comme souvent), capitaine de la modeste équipe springbok, pour présenter le meilleur groupe possible lors de la compétition et déjouer les pronostics qui ne donnent guère de chance aux Sud-Africains (là, Eastwood et ses scénaristes prennent quelques libertés avec la réalité rubgbystique : les Springboks faisaient partie des favoris de l’épreuve. Mais bon, ne chipotons pas…).
Filmé quasi-intégralement en Afrique du Sud, Invictus (titre d’un poème qui marqua Mandela pendant sa captivité) raconte cet incroyable espoir incarné par un homme hors du commun, qui n’oublia jamais de s’appliquer à lui-même les principes qu’il souhaitait pour son pays. Le film montre ainsi comment, plutôt que de virer toutes celles et ceux de l’ancienne administration De Clerck, il choisit de réunir noirs et blancs pour travailler ensemble…
Que dire de plus :
Après tant de chefs d'oeuvre et surtout après Gran Torino , j'attendais beaucoup de ce film. Vous me direz qu'on n'a pas pris un gros risque non plus.
D'abord le point négatif : à mon sens, ce film est un peu "gentil" et plein de bons sentiments. Ce n'est pas dramatique car l'optimisme n'est pas mon fort et ça ne fait pas de mal de temps en temps. Mais ça enlève "l'éffet claque" de Gran Torino et c'est ce qui fait qu'Invictus n'est pas un chef d'oeuvre.
Comme on ne charge que les mules qui avancent, je n'aurais certainement pas relevé ça d'un réalisateur inconnu. Car ça reste un très bon film ! Même si on connait tous la fin, j'ai été cativée jusqu'au bout tant les acteurs sont excellent (sauf le père de Matt Damon qui frôle la caricature), les images et la bandes sont sont justes et pertinentes et le sujet intéressant, même si on n'y connait rien au rugby.
Invictus pose la question judéo-chrétienne du pardon et lui donne un contenu politique. On peut d'ailleurs extrapoler cette question à propos d'autres évènements historiques récents : l'amnistie générale après le nazisme en Allemagne ou la collaboration en France. Etape nécessaire pour la cohésion sociale ou banalisation du côté obscur de l'humain ?
Du pain et des jeux ... Ce film montre aussi l'instrumentalisation politique du sport pour transcender une nation et glorifier son leader (JO de Berlin en 1936) et faire oublier au peuple les difficultés quotidiennes insolubles (Black Blanc Beur en France en 1998).
Mais je m'égare : Invictus est un super film, optimiste à souhaits, et personne ne peut y être insensible !
Ma note (palmarès 2009 ou 2010 ?) : 4/5