Trois femmes puissantes : un roman bourdieusien ?

Auteur : Marie NDiaye
Aout 2009
Gallimard
Aout 2009
Gallimard
Présentation de l'éditeur
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.
L'art de Marie NDiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments.
Résumé Evene
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba.
Norah, la quarantaine, arrive chez son père en Afrique. Le tyran égocentrique de jadis est devenu mutique, boulimique, et passe ses nuits perché dans le flamboyant de la cour.
Fanta enseigne la français à Dakar, mais elle a été obligée de suivre en France son compagnon Rudy. Rudy s'avère incapable d'offrir à Fanta la vie riche et joyeuse qu'elle mérite.
Khady Demba est une jeune veuve africaine. Sans argent, elle tente de rejoindre une lointaine cousine, Fanta, qui vit en France.
Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.
Que dire de plus ?
Je l'avoue, j'ai eu du mal à rentrer dedans alors que je comptais le dévorer pndant ma semaine de vacances. Puis je me suis secouée les puces car il fallait quand même le rendre à la bibliothèque (le passe droit maternel à la bibliothèque du village a ses limites et j'imagine que d'autres lectrices attendaient avec impatience).
Trois destins entremêlés de femmes entre la France et l'Afrique de l'Ouest. Destins mêlés puisque le père de Norah a récupéré le camps de vacances inachevé du père de Rudy, le mari de Fanta, et cette dernière (Fanta) est la cousine lointaine de Khady Demba. De plus, avant son mariage, Kadhy a été domestique chez le père de Norah (on la croise dans les premières pages du livre). La vie n'a fait de cadeau à aucune des trois et si le destin de Kadhy Demba est de loin le plus tragique, c'est elle qui clot la série en affirmant son humanité envers et contre tout.
Trois contextes différents mais trois destins pleins d'obstacles : Norah, abandonnée et humiliée par un père odieux s'est faite toute seule (avocate) mais a du mal avec les hommes (ce Jakob n'est pas un modèle de courage) et culpabilise malgré tot ce qu'elle a réalisé. Fanta s'est elle aussi faite toute seule (professeur de littérature au Sénégal) mais doit faire avec le français un peu lâche, lui aussi, qu'elle a rencontré. L'école, dans ces deux cas, est un assenseur social nécessaire mais insuffisant si les mentalités n'évoluent pas par rapport à l'indépendance morale et financière des femmes.
Khady Demba est la seule analphabète et la seule qui est vraiment seule. Mais c'est elle qui va le plus loin en affirmant son humanité et sa fierté d'être elle. Elle incarne à elle seule toutes les misères faites aux femmes en Afrique : veuve rejetée par sa belle famille, prostitution, maladies (on devine le SIDA et une jambe gangrenée suite à une balle reçue dans le mollet), exploitations diverses ...
Inutile de préciser que les hommes n'ont pas le beau rôle dans ce roman : parfois méchants et volontairement mysogines (le père de Norah) et souvent lâches et egoïstes (Jakob, Lamine, Rudy). Mais ce sont les femmes elles-même qui ont intégré cette domination et manquent de solidarité entre elles (la belle-mère et les belles-soeurs de Khady ou la maquerelle de Khady ou encore la mère de Rudy) et perpétuent l'injustice. Finalement, ce sont les femmes qui élèvent les petits garçons dans le système patriarcal.
C'est toute la question de l'habitus de la domination masculine intégré par les hommes mais aussi et surtout par les femmes, démontré par Pierre Bourdieu, le sociologue béarnais dont nous pouvont être fiers ! Ces trois parcours montrent bien que l'éducation scolaire est nécessaire mais pas suffisante pour déjouer les mécanismes de la domination masculine.
Ce récit est intéressant mais je n'ai pas réussie à être fond dans ce roman. L'écriture est alambiquée et on a du mal à saisir l'essentiel. Le "non" et la révolte de ces trois femmes n'est pas évident à percevoir. Mais peut-être que je n'étais pas d'humeur. Et peut-être aussi que je préfère les romans moins introspectifs.
Le livre vaut quand même le coup d'être lu pour démonter la logique des violences physiques et surtout symboliques dont sont victimes les femmes en Afrique, mais aussi en France et partout dans le monde.
L'art de Marie NDiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments.
Résumé Evene
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba.
Norah, la quarantaine, arrive chez son père en Afrique. Le tyran égocentrique de jadis est devenu mutique, boulimique, et passe ses nuits perché dans le flamboyant de la cour.
Fanta enseigne la français à Dakar, mais elle a été obligée de suivre en France son compagnon Rudy. Rudy s'avère incapable d'offrir à Fanta la vie riche et joyeuse qu'elle mérite.
Khady Demba est une jeune veuve africaine. Sans argent, elle tente de rejoindre une lointaine cousine, Fanta, qui vit en France.
Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.
Que dire de plus ?
Je l'avoue, j'ai eu du mal à rentrer dedans alors que je comptais le dévorer pndant ma semaine de vacances. Puis je me suis secouée les puces car il fallait quand même le rendre à la bibliothèque (le passe droit maternel à la bibliothèque du village a ses limites et j'imagine que d'autres lectrices attendaient avec impatience).
Trois destins entremêlés de femmes entre la France et l'Afrique de l'Ouest. Destins mêlés puisque le père de Norah a récupéré le camps de vacances inachevé du père de Rudy, le mari de Fanta, et cette dernière (Fanta) est la cousine lointaine de Khady Demba. De plus, avant son mariage, Kadhy a été domestique chez le père de Norah (on la croise dans les premières pages du livre). La vie n'a fait de cadeau à aucune des trois et si le destin de Kadhy Demba est de loin le plus tragique, c'est elle qui clot la série en affirmant son humanité envers et contre tout.
Trois contextes différents mais trois destins pleins d'obstacles : Norah, abandonnée et humiliée par un père odieux s'est faite toute seule (avocate) mais a du mal avec les hommes (ce Jakob n'est pas un modèle de courage) et culpabilise malgré tot ce qu'elle a réalisé. Fanta s'est elle aussi faite toute seule (professeur de littérature au Sénégal) mais doit faire avec le français un peu lâche, lui aussi, qu'elle a rencontré. L'école, dans ces deux cas, est un assenseur social nécessaire mais insuffisant si les mentalités n'évoluent pas par rapport à l'indépendance morale et financière des femmes.
Khady Demba est la seule analphabète et la seule qui est vraiment seule. Mais c'est elle qui va le plus loin en affirmant son humanité et sa fierté d'être elle. Elle incarne à elle seule toutes les misères faites aux femmes en Afrique : veuve rejetée par sa belle famille, prostitution, maladies (on devine le SIDA et une jambe gangrenée suite à une balle reçue dans le mollet), exploitations diverses ...
Inutile de préciser que les hommes n'ont pas le beau rôle dans ce roman : parfois méchants et volontairement mysogines (le père de Norah) et souvent lâches et egoïstes (Jakob, Lamine, Rudy). Mais ce sont les femmes elles-même qui ont intégré cette domination et manquent de solidarité entre elles (la belle-mère et les belles-soeurs de Khady ou la maquerelle de Khady ou encore la mère de Rudy) et perpétuent l'injustice. Finalement, ce sont les femmes qui élèvent les petits garçons dans le système patriarcal.
C'est toute la question de l'habitus de la domination masculine intégré par les hommes mais aussi et surtout par les femmes, démontré par Pierre Bourdieu, le sociologue béarnais dont nous pouvont être fiers ! Ces trois parcours montrent bien que l'éducation scolaire est nécessaire mais pas suffisante pour déjouer les mécanismes de la domination masculine.
Ce récit est intéressant mais je n'ai pas réussie à être fond dans ce roman. L'écriture est alambiquée et on a du mal à saisir l'essentiel. Le "non" et la révolte de ces trois femmes n'est pas évident à percevoir. Mais peut-être que je n'étais pas d'humeur. Et peut-être aussi que je préfère les romans moins introspectifs.
Le livre vaut quand même le coup d'être lu pour démonter la logique des violences physiques et surtout symboliques dont sont victimes les femmes en Afrique, mais aussi en France et partout dans le monde.