Tournée
De Mathieu Amalric
France /2010 / 110' / couleur
Avec Miranda Colcasure, Suzanne Ramsey, Linda Maracini, Mathieu Amalric ...
Cannes 2010, Prix de la mise en scène
Le Méliès a dit
Quatrième long métrage de Mathieu Amalric comme metteur en scène, Tournée a été incontestablement le film le plus festif du dernier Festival de Cannes (qui lui a decerné le pix de la mise en scène), et un des plus applaudis.
A travers l'histoire de Joachim, producteur parisien qui décide à 40 ans, de recommencer sa vie en oranisant en France une tournée de strip-teaseuses du "New Burlesque", Amalric a renoué avec beaucoup de drôlerie avec le burlesque des années 20, qui était synonyme de satire sociale, et dont les filles du "New Burlesque" - mouvement né dans les années 90 - sont une variante.
Numéros musicaux et grivoiserie, théâtre, glamour, humour, satire et sens de l'excès sont portés ici de façon jubiltoire par des actrices feliniennes qui ont apprté cette année au Festival de Cannes la part de fantaisie qui lui manquait un peu.
Que dire de plus ?
Voilà un film drôle et cru où on appelle un chat un chat, un film sur la vie. Universel dans son humanisme, même s'il traite précisément un groupe de saltimbanques particuliers, des strip-teasers de cabaret New Burlesque (Eh oui, il y a un homme, beau comme un dieu en plus, on a pensé à nous les filles), Joachim le producteur de la tournée, Ulysse son assistant et quelques specimen puants du milieu du spectacle et de la télé parisien.
Joachim est paumé, exclu par son milieu parisien, mal compris par ses enfants, et on ne sait pas trop ce qu'il cherche au juste, une sensation de bien-être, une âme soeur ...
Et tout ça n'est pas formaté, ni les corps, ni les sentiments. Pas de mièvrerie ni de bons sentimens, mais des formes, de l'audace, et la mise en valeur des corps et du spectacle.
Il y a quelques intrigues mais l'objet du film n'est pas là : la plus jeune strip-teaseuse essaye chaque soir d'oter son soutien-gorge mais n'ose pas ("il faut du temps pour aimer son corps" dira une plus vieille), Joachim essaye de trouver une salle à Paris mais il y est visiblement black-listé, il essaye aussi de se rapprocher de ses enfants qu'il avait laissé à leur mère pour partir aux States, on se demande aussi ce que cachent comme souffrances les plumes, les faux cils et les paillettes ...
L'objet s'est plutôt le formatage et la difficulté d'intégration pour ce qui ne rentre pas dans les clous (corps, télé, famille ...). Mais la vie, les sensations, le fait d'exister c'est justement c'est de ne pas se laisser formater ... On sent les angoisses et les tiraillements des acteurs, mais c'est toujours le rire et la vie qui prennent le dessus, et ça c'est d'un rare optimisme.
Et chaque séquence est entrecoupée de strip-teases drôlres et sincères, qui ne se prennent pas au sérieux. Le public en redemande et le spectateur aussi. Ce sont des spectacles assez subversifs en fait.
Moralité : on arrête de se prendre la tête pour rentrer dans les clous esthétique et on arrête de se soucier de ce que les biens pensants et les comme il faut pensent de nous. Les vies étriquées et renfermées ne valent rien et ce n'est pas celles qu'on veut ! Nous on veut du spectacle, des couleurs, du rire, du vin, du soleil, des clopes, des rencontres ... Et hasta la vista siempre !
Ma note : 4 /5