The Tree of Life, de Terrence Malick
Palme d'or, festival de Cannes 2011.
Pas par dévotion mais plutôt par curiosité, je ne manque pas chaque année la palme d'or et le prix du jury du festival de Cannes. C'est pour ça qu'on avait été voir Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures en 2010 et que, malgré des critiques surprenantes, on a été voir celui-ci. Et j'avoue qu'à plusieurs reprises on s'est demandé si c'était la suite ...
En tout cas, si comme le pensait (et le pense certainement toujours) Emmanuel Leclerc lorsqu'il animait les cours d'histoire du cinéma (qui me manquent énormément) au Méliès (Les cours d'histoire du cinéma du Méliès ), les grands cinéastes sont doués de préscience, ils tirent la sonette d'alarme sur les thèmes de l'écologie et des retours aux fondamentaux de l'être humain.
En fait, il y a tant de thèmes abordés dans ce film que même en le voyant une deuxième et une troisième fois, j'aurais du mal à en faire le tour. Ils sont mis en scène dans une perspective holiste démontrant, à la manière d'une fresque ou d'une sage, les liens directs (les plus visibles mais les plus ténus) et indirects (les moins perceptibles mais les plus importants) entre des phénomènes multiples rationnellement disociables.
La famille nucléaire et son fonctionnement "classique" au début des trente glorieuses (Brad Pitt excellent dans son rôle de pater familias malheureux mais qui veut faire comme il croit qu'il doit faire selon le cliché admis dans les années 50 et sa femme tout aussi cliché interpretée par Jessica Chastain), dans un lotissement type cité jardin préfigurant Wisteria Lane, est le socle de la société d'équipement et de consommation qui a conduit à la crise écologique (magnifiques images de nature indomptable qui reprend ses droits) et financière (Sean Penn, le fils ainé 40 ans plus tard, aujourd'hui n'a pas l'air très heureux dans sa tour à Wall Street et dans son superbe loft).
Dans la dernière partie du film, le parallèle visuel et volumétrique entre la nature (grands arbres) et les tours de verre est récurrent. On voit aussi les gens hagards qui èrent sans savoir où il vont ni d'où ils viennent, sans repères, sans signification. C'est inquiétant. Un message ?
C'est ce que je me plais à penser : l'homme occidental s'est fourvoyé dans le matérialisme, les apparences et la cupidité, il met son espèce en danger sans en être plus heureux ou plus épanoui. Mais il ne s'en apperçoit que lorsqu'il est trop tard (mort d'un être cher, catastrophe naturelle ou catastrophe écologique) (le réalisateur avait-il anticipé Fukushima ?). Cela ressemble à un enfonçage de porte ouverte mais notre mode de vie et nos compromissions quotidiennes montrent qu'il n'en est rien.
Ainsi, tant du point de vue de l'esthétique (mise en scène, prises de vues, acteurs, décors, ...) que de l'exepression, de l'universalité du sens et de la multiplicité des thèmes abordés, ce film peut relever du chef-d'oeuvre. Malgré sa longeur (2h18) et la présence de ce qui pourrait sembler des incohérences, je ne me suis pas ennuyée et je n'ai pas une fois perdu le fil.
De toute façon, au moins par curiosité, il faut aller voir ce film (entre autres biensûr).
Ma note : 4/5