Petit polio
Auteur : Farid Boudjellal (scénario et dessins)
Soleils productions
Tome 1
Septembre 1998

Farid Boudjellal s'est souvenu de sa propre enfance toulonnaise pour écrire les récits de Petit Polio. On y retrouve les joies et les peines d'un enfant, la solidarité familiale, la douleur du deuil et le handicap, qui occupe une place prépondérante mais non centrale du récit.
Tome 2
Octobre 1999
Tome 3 : Mémé d'Arménie
Avril 2002

La suite :
- Les années ventoline (novembre 2007)
- Les années 1958/1959 (Hors série)
BD'Gest ( J. Léger) a dit
Petit Polio, c'est Mahmoud, toulonnais de 6 ans d’origine algérienne surnommé ainsi parce qu'il a attrapé la maladie tout petit. En ce mois de juillet 1958, il passe ses vacances sur la plage en compagnie des ses sœurs et de sa mère, alors qu'au pays la guerre fait rage. Son seul réel souci étant de savoir comment il va se procurer le nouveau « Kiwi », il mène une vie paisible, loin des tracas des adultes et des heures troubles du conflit.
Mettre en scène la situation délicate des Algériens vivant en France dans les années 50 n’était pas une tâche commode. Plutôt que de le faire de manière sombre, Boudjellal a préféré utiliser le regard du jeune Mahmoud, pour qui la guerre d’Algérie est tout sauf une préoccupation. Doté d’un bon coup de crayon, le môme en profite même pour croquer le Général lors de sa visite à Toulon. La vie s’écoule donc lentement et sans souci jusqu’au jour où il assiste au passage à tabac d’un Arabe qui avait pris le trolley sans ticket. Lentement le gamin se rend compte de sa situation et réagit violemment. Ces faits divers sont toujours traités avec justesse et sensibilité par l’auteur, aidé dans cette tâche par un dessin splendide et des couleurs douces. De même lorsqu’on assiste au comportement exacerbé d’un jeune soldat français revenant du front, Boudjellal sait utiliser les mots justes pour ne pas verser dans le mélo, et conserver la dimension humaine de la situation.
Malgré la gravité du sujet, Petit Polio constitue un savoureux moment de lecture, à l’humour léger et aux répliques percutantes. Le tout est accommodé d’un vocabulaire typique, heureusement traduit d’amusante façon par l’auteur dans un lexique en fin d’album, et servi par un dessin dépouillé mais touchant. Enchanté par cette excellente initiative de Futoropolis, on en redemande.
Que dire de plus ?
Première précision pour les témoins de ma maladie hier : ce n'est pas cette nuit que j'ai lu cette BD, mais vendredi. Hier je dormais à 23h30 (assez mal à cause de la caféine contenue dans le litre et demi de coca englouti peu de temps auparavant).
Des jolis dessins et un thème grave évoqué sur le ton de "les algériens vivant en France pendant la guerre d'Algérie expliquée à mon fils". Effectivement c'est instructif car j'avoue que je ne connaissais pas du tout cette problématique. D'autres thèmes sont aussi abordés : l'alcolisme, le cancer, le racisme, la torture policière, la cinquième république et le général de Gaulle, le génocide arménien ... Et le tout de manière tellement humaniste et gaie que finalement on oublie qu'il s'agit de thèmes horribles. Le soleil toulonnais y est pour beaucoup.
L'auteur reste tout de même assez gentil sur le racisme, la lutte des classes et d'autres sujets qui auraient peut-être mérités d'être approfondis. Mais peut-être qu'il s'adresse a des enfants. En tout cas le parti pris est très très optimiste !