Lulu Femme Nue, d'Etienne Davodeau
Encore une fois Davodeau se fait l'écho des "petits", des sans voix et des sans-intérêt médiatique, ceux qu'on ne voit jamais et dont tout le monde se fout, pas assez de pouvoir d'achat, pas assez d'influence (femmes au foyers des classes moyennes en banlieues pavillonnaires, ex taulards, vieux isolés, ouvriers qui triment pour joindre les deux bouts, employés maltraités ...).
Les beaux dessins réalistes et les couleurs ocre et pastel confèrent beaucoup d'humanisme, de finesse et de douceur à cette histoire. On suit les errances et les interrogations de Lulu dont la fugue chamboule l'entourage (mari, enfants, amis et voisin) mais apporte un peu de réconfort à ceux qu'elle rencontre lors de son périple incertain.
Elle apprend à prendre du recul par rapport à son quotidien et elle réapprend à rire, à s'amuser, à parler d'elle et à penser à elle. Elle s'apperçoit aussi qu'elle compte énormément pour ceux qu'elle a laissé, et ceux-là se rendent compte qu'elle n'est pas un meuble vissé dans sa maison et son jardin.
C'est aussi une belle histoire d'amour, d'amitié et de compréhension mutuelle : amour entre un homme et une femme au bout de vingt ans de vie commune, amour et amitié entre des êtres humains qui se rencontrent et s'apportent beaucoup, amour filial, amitié avec les amis de toujours,...
On est loin des clichés, du bling bling, de la fausse force et du règne des apparances dans cette histoire. C'est comme d'habitude la grande force de l'auteur. J'ai préféré le premier tome au second, plus "dramatique" (toute proportion gardée bien sûr) mais les deux peuvent se lire d'une traite.
La banalité du quotidien est transcendée pour montrer que chaque expérience et chaque situation, aussi insignifiante aux yeux des autres soit-elle, vaut la peine d'être vécue pleinement.
Notes :
Premier Livre : 17,5/20
Second Livre : 17,25/20