Contes de l'âge d'or
De Cristian Mungiu, Ioana Uricaru, Hanno Höfer, Razvan Marculescu, Constantin Popescu
Amintiri din Epoca de Aur
Roumanie, 2009, 1h20, VOSTF, couleur
Avec Diana Cavaliotti, Radu Iacoban, Tania Popa, Vlad Ivanov ...
Première a dit
Contes de l'âge d'or est le nom d’un projet cinématographique collectif roumain orchestré par Cristian Mungiu . Ce film est composée de 4 légendes urbaines : La légende de la visite officielle; La légende de l’activiste zélé; La légende du policier avide; La légende du photographe officiel.
Les 15 dernières années du régime de Ceausescu ont été les pires de l'histoire de la Roumanie. Et pourtant, la propagande officielle de cette époque l'avait nommée "l'âge d'or"..
Les Contes de l'âge d'or est l'adaptation à l'écran des "légendes urbaines" les plus connues. Elles sont à la fois comiques, étranges, émouvantes et puisent leur inspiration dans un quotidien souvent surréaliste, quand l'humour était le seul moyen de survie de tout un peuple.
Les Contes de l'âge d'or restitue l'atmosphère de l'époque et dresse à petites touches le portrait d'un pays soumis à la logique perverse d'une dictature. Quand un chauffeur livreur décida, pour la première fois de sa carrière, d'ouvrir son camion scellé, il découvrit ainsi le lien entre les oeufs, Pâques et l'amour conjugal... Un policier reçut un porc vivant comme cadeau de Noël et pensa que le gazer serait la meilleure façon de tuer l'animal en silence, pour ne pas réveiller ses voisins affamés... Dans la Roumanie des années 80, Bughi et Crina jouaient les Bonnie and Clyde, en collectant des bouteilles d'air...
Que dire de plus ?
Une fois n'est pas coutume, c'est au Luxor à Oloron-Sainte-Marie, le cinéma des Globules, que j'ai vu ce film. Comme quoi, on peut louper des trucs intéressants à Utopia Toulouse et au Méliès, ils finissent toujours par resurgir là où on ne s'y attendait pas. En l'occurence, dans ce mignon petit cinéma qui dispose d'une salle art et essai et projete des films en VO !
Et qu'est ce que j'ai ri ! Les 4 sanyètes montrent bien le ridiule et l'hypocrisie de la logique bureaucratique du système Ceausescu. Entre naïveté, zèle, découragement, peur de perdre leur place et bonne humeur, les protagonistes de tous les âges font contre mauvaise fortune bon coeur, pour notre plus grand plaisir.
Biensûr on ne voit que le côté édulcoré du régime : les gendarmes ont des bouilles de braconniers gras à force de trop manger, les cadres du parti sont ridicules, même s'ils font trembler leur entourage, les maires des petites communes ressemblent finalement assez à ceux qu'on peut croiser, tout comme le enfants espiègles. Les réalisateurs ont pris le parti du rire. Avec un recul de 20 ans, mieux vaut en rire qu'en pleurer ? On voit quand même le rationnement et le manque de nourriture poindre dans les villes. Et on voit aussi VGE qui tombe d'on ne sait où dans la dernière légende.
La citation de Georges Marchais qui prend la moitié de l'affiche n'était pas nécessaire : on n'en avait pas besoin pour comprendre l'ambiance du communisme à la roumaine à la fin des années 1970 et au début des années 1980.
Je m'apperçois qu'on voit finalement pas mal de films roumains depuis quelques années : Au diable Staline, vive les mariés ! il y a environ un an, mais aussi le plus tragique 4 mois, 3 semaines, 2 jours (palme d'or à Cannes en 2008) de Christian Mungiu l'initiateur du projet des Contes de l'âge d'or et, à cette époque aussi, l'excellent California Dreamin' (2008) de Christian Nemescu, talentueux réalisteur décédé dans un accident de voiture peu après le tournage.
Bref, je trouve que le cinéma roumain est très bon. Il incarne totalement l'idée que je me fais des balkans, entre nostalgie, bonne humeur et débrouillardise. Mais c'est peut-être une idée reçue véhiculée par Emir Kusturica, Balkan Beat Box et mon road trip en Slovénie, Serbie et Bosnie en 2007 avec Adri. Moralité : dès qu'un film roumain est à l'affiche, il faut s'empresser d'aller le voir, on ne sera pas déçu ! (Et j'aimerais vraiment aller en Roumanie aussi, avis à Pépé).
Ma note (même si je pense que c'était pour le palmarès 2009) : 4 / 5