Biutiful, d'Alejandro González Inárritu
Espagne, Mexique / 147' / 2010 / vostf
Avec Javier Bardem, Maricel Álvarez, Eduard Fernàndez ...
ABC a dit
C’est l’histoire d’un homme en chute libre. Sensible aux esprits, Uxbal, père de deux enfants, sent que la mort rôde. Confronté à un quotidien corrompu et à un destin contraire, il se bat pour pardonner, pour aimer, pour toujours…
On aime les films d’Iñarritu depuis Amours chiennes. Si Babel faisait craindre qu’il ne tombe dans un système (scénario très compliqué avec destins croisés), le voici parvenu à l’épure idéale. Suivant l’exceptionnel Javier Bardem dans chaque séquence, la caméra capte sa force et sa fragilité, la douleur et la beauté.
L’énergie que dégage la mise en scène est puissante mais l’émotion n’est jamais surlignée.Toutes les questions sur ce qu’est une vie et sur comment la quitter en paix sont d’une intensité magnifique. Un très grand film, un très beau film.
Que dire de plus ?
Javier Bardem est toujours aussi beau (moins que Pépé qui ressemble plus à Tony Curtis lorsqu'il était jeune).Et il porte un film magistral !
Une mise en scène parfois un peu too much, comme certains personnages, notamment les cyniques et la représentation de la folie, mais tout est globalement très bon : les acteurs sont biens dans leurs rôles, tout s'enchaine avec justesse, sans lourdeur et sans longeur, et le spectateur peut s'approprier une grande partie des thèmes abordés (imigration clandestine, exploitation de la misère qui en découle et corruption de la police qui ferme les yeux sur une forme d'esclavage, animalité de l'amour des parents pour leurs enfants au nom de qui ils sont prêts à tout, maladie à un âge où on ne s'y attend pas, perte de ses parents à un âge où on a vitalement besoin d'eux, maladie psychiatrique, amour-haine, relations fraternelles ambigues ... C'est beaucoup en 2h27 !). La bande son accompagne les scènes sans se faire remarquer, mais participe de leur intensité dramatique. Les morceaux ou bruits choisis sont d'à-propos.
Dans cette tranche de vie, on assiste à la mise en place de cercles vicieux implacables : la misère, la maladie, la folie et la mort (Uxbal-Bardem a le don de parler au morts avant que leur âme ne quitte leur corps, encore du fantastique à Barcelone, comme dans les romans de Carlos Ruiz Zafon). Si le titre évoque quelque chose de positif, la vie des laissés pour compte (pauvres, sans pap, malades, ...) montrée dans ce film est plutôt moche. Et c'est avec une boule de rage et de tristesse dans le ventre que je suis sortie de la salle.
Ce film est magistral, mais pas léger, même s'il est sauvé par l'amour et l'humanité des personnages.
Ma note : 4/5