Année Bissextile

Publié le par La fée Paradis

 

 

 

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De Michael Rowe

Año bisiesto / Mexique / 2010 / 94’/ couleur / vostf

Avec Monica Del Carmen, Gustavo Sanchez Parra et Armando Hernández

Interdit aux moins de 16 ans

 

 

Le Méliès a dit

 

 

Oubliez tout ce que vous avez entendu autour de ce film : l'interdiction aux moins de 16 ans et l'érotisme le plus cru. Année bissextile est avant tout un portrait de femme solitaire, filmé sans aucune concession.

Laura a 25 ans. Journaliste et célibataire, elle s’enferme chez elle, refuse les visites de ses amies et épie ses voisins. Après plusieurs aventures sexuelles sans lendemain, elle rencontre Arturo qui lui porte de l’attention. Leur relation devient passionnelle, où s'unissent le plaisir et la souffrance...

Aucune vulgarité gratuite mais plutôt de l'hyperréalisme. Du plaisir charnel déstabilisant et non de la mièvrerie. Michael Rowe, dramaturge australien, réussit un premier film déroutant jusqu'au coup de théâtre final qui inverse les traditionnels rapports dominant/dominé.

Lors du dernier Festival de Cannes, Année bissextile a remporté la Caméra d’Or, prix décerné par un jury présidé par Gael Garcia Bernal.

 

 

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Que dire de plus ?


 

Un film que je n'envisageais d'aller voir que seule ou avec Pépé (les tabous ont la vie dure). Pépé est dans l'Aveyron, j'y suis allée seule. Cqfd.

 

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C'est un huis clos assez oppressant, plutôt glauque, cru, dur, lourd et .... palpitant.

Laura ne sort jamais de son T2 où elle travaille en free-lance, mange, lit, regarde la télé et dort, sauf pour aller au supermarché et, de temps en temps, en boite pour choper (de beaux spécimens, le jeu n'en valait pas trop la chandelle, soit dit en passant). Elle ne voit personne, à part son frère et ses "amants". On ne verra rien de Mexico, on en devine l'aspect impersonnel, atomisant, destructurant et déshumanisant prêté aux grandes villes et suggéré par le réalisateur.

 

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  Laura est aussi un peu tarée, du genre complètement mytho, et de manière tellement naturelle qu'on se demande si elle s'en rend compte. Elle s'invente une vie et des amis pour rompre sa solitude, et tout s'accélère à l'approche du 29 février. On comprend peu à peu pourquoi et ça renforce la glauquitude du film.

 

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On ne voit évoluer que deux personnages principaux (Laura et Arturo), un personnage secondaire (le petit frère) et six figurants plus ou mois (plutôt moins) actifs. Mais la profondeur de ces deux personnages, leur complexité et le rythme bien organisé du film tiennent le spectateur en éveil et en haleine pendant un peu plus d'une heure et demi.

 

Et c'est finalement un très bon film. Les détails sont soignés et les thèmes suggérés de manière fine et pudique (on est très loins de la pornographie annoncée et redoutée). Un film très humain malgré l'inhumanité ambiante et si certaines images sont dures à regarder et difficilement soutenables, c'est que les sujets sous jacents le sont aussi.

Il faut regarder son passé en face pour l'accepter, le supporter et le surmonter. Une tranche de vie qui permettra peut-être à la jeune femme de rebondir et de se reconstruire.

 

Pour mon équilibre émotionnel et psychique je ne le reverrai pas de sitôt (comme tous les films, les bouquins ou les BD qui traitent brillament des névroses et des "déviances", de leurs causes et de la manière dont les hommes et les femmes les vivent, souvent seuls). Par contre je recommande à tous les cinéphiles de le voir au moins une fois, il mérite son prix à Cannes.

 

Ma note : 4 /5

Publié dans Ciné

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