Gran Torino

Publié le par La fée Paradis

                                            Utopia a dit  


79 ans aux prunes, papy Clint, mais il tient encore la dragée haute à tous ces fils de p… d’Hollywood : la semaine même où il est snobé par les Golden Globes (nominé seulement pour la musique, très bien au demeurant), il caracole en tête du box office américain avec Gran Torino. C’est pas comme si on avait pu l’oublier, vu qu’on vient à peine de retourner les bobines de L’Échange, et qu’il nous mitonne un film sur l’Apartheid qui devrait sortir en 2009. Entre temps, l’air de rien, il nous sort de derrière les tables de montage une petite merveille, et il joue dedans en plus, alors qu’on ne l’avait plus vu sur l’écran depuis Million dollar baby, et qu’il ne comptait pas reprendre du service. Mais voilà, le scénario lui a plu et il avait l’age du rôle…
Et quel rôle ! Le plus beau « vieux salopard que la terre ait jamais porté », les pupilles bien noires, comme des têtes d’épingles enfoncées dans des yeux plissés bien serrés, lançant des éclairs sous ces sourcils froncés qu’on connait bien, ceux du genre de type avec qui il faut pas déconner : Walt Kowalsky, un « pollack » raciste de Détroit, vétéran de la guerre de Corée, qui travaillait pour les usines Ford et bichonne sa Gran Torino 1972, modèle mythique popularisé par la série Starsky & Hutch.

Tous les blancs ont quitté le quartier, mais pas lui, ah ça non ! Le drapeau US est bien planté sur son carré de gazon, et il vaut mieux pas lui marcher sur la pelouse. Sa femme vient de décéder et ses enfants sont des abrutis qui ne pensent qu’à le foutre à l’hospice (cela dit, il est pas vraiment commode, faut avouer). Cerné par la communauté Hmong, une peuplade du Sud-Est asiatique, il vit seul avec son chien et son fusil M-1 qu’il garde toujours prêt à l’emploi, et passe son temps à grogner et admirer sa belle bagnole en sirotant des bières sous son porche (ces grognements sont dores et déjà les plus célèbres de l’histoire du cinéma, à eux seuls ils valent le déplacement).
Dans la maison d’à côté vit une famille Hmong traditionaliste dont le cadet, Thao, est harcelé par un gang qui veut l’enrôler. Sa grande sœur, Sue, une fille intelligente qui n’a pas la langue dans sa poche, essaie de garder son frère à l’écart du gang, difficile dans ce quartier où le déterminisme social veut que les filles fassent des études et les garçons finissent en taule. Mais un jour, une échauffourée va déborder sur la pelouse de Kowalsky qui, malgré lui, va prendre la défense de cette famille… Ironie du sort, il va devenir le héros de cette communauté qu’il méprise, tisser des liens avec les deux adolescents et prendre Thao sous son aile. Seulement voilà, on ne s’attaque pas sans risque aux forces destructrices de la société…

Gran Torino a la force des histoires simples, authentiques, dont la portée symbolique va bien au-delà du récit. Impitoyable marquait la fin du Western, Gran Torino a également cette dimension crépusculaire, c’est la fin de l’Amérique de Détroit, celle où l’on brulait du gazole et cramait du bitume dans des voitures grandes comme des paquebots. La Gran Torino 1972, c’est aussi Clint Eastwood, qui campe ici un personnage qui est à la fois la somme et la caricature de tous ces justiciers taiseux et solitaires qu’il a incarnés dans sa carrière. Mise en abîme extraordinaire, il plante dans ce film, scène après scène, les clous de son propre cercueil, de son propre mythe, et avec le sourire en plus : un Gran Eastwood 2009.

Que dire de plus ?

Un véritable chef d'oeuvre, encore trop à chaud pour en parler ! Allez le voir à tout prix, et en VO ! ça fait très longtemps qu'un film ne m'avait pas autant boulversée.

Je parlerai plutôt d'Utopia Tournefeuille : de plus en plus de monde et il va bientôt falloir arriver plus d'une demi-heure avant le début du film pour avoir une place le week-end ! Il est temps d'ouvrir de nouvelles salles ou de commencer une politique d'aide aux retours dans les multiplex !

Publié dans Ciné

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T
<br /> un pur chef d'oeuvre !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Je le pense aussi de plus en plus !<br /> <br /> <br /> <br />