La Route
Voici aujourd'hui une nouvelle chronique : entre des performances athlétiques de taille et l'entrainement de fumeuses invétérées pour la course à pieds (objectif : les 6,4 km de la Paloise en juin 2009), Dudule a pris le temps de préparer un commentaire pour le blog de la fée Paradis ! Car cet homme lit et peint ! Merci coach !
Résumé du livre
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. On ne sait rien des causes de ce cataclysme. Un père et son jeune fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Il ne reste des hommes que les cadavres ou des silhouettes implorantes proches de leur dernier souffle. Le père et le fils ont peur, mais marchent vers la mer.
Mon avis [ND]
Deux êtres. Un homme, un enfant. Un père et son fils, dans un monde dévasté; cendres, froid glacial et quelques «humains» si on peut les considérer en tant que tel.
Un lourd voile gris dans un paysage brûlé, laissant deviner une catastrophe dont nous ne connaîtrons jamais les causes. Triste réalité de l’existence humaine ou catastrophe naturelle?
«Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté». C’est ainsi que McCarthy introduit le lecteur dans cette histoire sans aucun repère. Il lui confère un malaise permanent et le laisse intelligemment s’interroger sur le devenir de l’Homme.
Comme étant le seul fil conducteur entre l’avant et l’après cataclysme, le père insuffle à son fils un espoir que lui-même ne croira jamais. Il survie pour lui.
Pour fuir l’hiver, leurs journées se résument à marcher sur un bitume couvert de neige grisé par les cendres. Un caddie tel un poids mort les aide à transporter de vieilles couvertures et quelques rares conserves trouvées ci-et-là. Au fil du livre, le lecteur est littéralement plongé dans cet instinct de survie; se nourrir alors que ni faune, ni flore ne renaîtra jamais, … ou pour eux il sera déjà trop tard …
L’homme a fait promettre à son fils que quoi qu’il advienne, jamais ils ne se plongeraient dans le cannibalisme. L’homme ne se nourrie pas de l’homme.
Comment éduquer son enfant alors que les seules rencontres traumatisantes ne sont qu’horreur et tandis qu’elles se sont pausées aucunes règles. Se défendre avec deux balles dans un révolver est certes délusoire, mais c’est une vraie chance pour eux… jusqu’à quand? Comment donner la définition à un enfant de ce qu’est le bien et le mal dans ce cas là… Chaque jour passé est une victoire sur la vie mais aussi un intervalle réduit vers la mort. C’est dans cet ouvrage que je trouve la citation «chaque minutes blaisent, la dernière tue» la plus juste.
Récompensé comme étant le prix Politzer 2007, McCarthy a signé une vraie œuvre. Je ne peux pas avouer que ce roman bien triste m’a donné envie de le dévorer page par page mais voila un livre à méditer. Le réalisme et la noirceur des scènes peuvent en repousser certains mais sa philosophie mérite qu’on s’y attarde.
L’adaptation cinématographique est prévue prochainement avec comme acteur Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee. Fan de Viggo, j’ai peur que l’écran ne face ressortir la même réflexion.
Avis de la Fnac
Les lecteurs de son noir western « Méridien de sang » et de ses extraordinaires peintures de désolation désertiques pouvaient déjà pressentir que le grand écrivain américain Cornac Mc Carthy était voué à écrire un jour un roman post-apocalyptique. Avec La route, c’est désormais chose faite, si bien faite, d’ailleurs, que le livre a valu à son auteur le Prix Pulitzer (le Goncourt Américain). Avant d’être un récit futuriste, La route est une histoire existentielle, qui tient tout entière dans la relation père-fils et la façon dont ils se confrontent aux atrocités. Et comme Bradbury en son temps avec Chroniques Martiennes, Mc Carthy a su sublimer les canons de la science-fiction pour faire de son roman bien plus qu’un moyen d’évasion : un objet de méditation, à l’écriture digne d’un poème en prose.
par Thomas Yadan
Entre philosophie et roman, Cormac McCarthy signe avec ‘La Route’ une performance digne du grand écrivain qu’il est.
Avis de neocor
Voilà un mois que ma lecture est terminée, mais ce magnifique ouvrage reste gravé en moi jusqu'à influer encore sur ma vision philosophique d'un avenir qui m'apparaît gravement compromis.
Avis de Mathieu Dufain
'La Route' est un livre à lire et à méditer. Cette lecture n'est pas inutile et la description des scènes y est réaliste. Mathieu Dufain
Extrait de "La Route"
Il examinait le ciel. Il y avait des jours où la couverture de cendre était moins épaisse et à présent les arbres dressés le long de la route projetaient les plus timides des ombres sur la neige. Ils continuaient. Le petit avait beaucoup de mal. Il s'arrêta et vérifia ses pieds et resserra le plastique. Quand la neige commencerait à fondre ils pourraient difficilement garder leurs pieds au sec. Ils s'arrêtaient souvent pour se reposer. [... ]