Le Bon la Brute et le Cinglé (rappel)
Le bon la brute et le cinglé
Utopia a dit
La vitalité du cinéma sud-coréen ne cesse de nous épater. Cette farouche volonté d’indépendance de leur cinéma national les amène à explorer et à dynamiter tous les genres : Memories of murder pour le polar, The Host pour le blockbuster fantastique avec un vrai gros monstre dedans… on les a même vus cette année marcher sur nos plates bandes avec les deux contes moraux d’Hong Sang-Soo Woman on the beach et Night and day. Mais il en manquait un à leur tableau, et pour cause, c’était la chasse gardée, le dernier carré du cinéma occidental : le western ! Et quel western ! Une chevauchée « débridée » de plus de deux heures à travers les plaines de Mandchourie, au son du Don’t Let Me Be Misunderstood que Tarentino avait utilisé dans Kill Bill, comme un air de défi au pillard talentueux des trésors du cinéma asiatique. Au-delà du clin d’œil, c’est au grand Segio Leone que Kim Jee-woon (on lui doit notamment A bittersweet life) a voulu rendre hommage, en se référent à sa fresque la plus ludique et la plus baroque : Le Bon, la Brute et le Truand. Le truand a ici cédé la place au cinglé, au « bizarre » (traduction du titre original), car une des particularités du cinéma asiatique est sa capacité incroyable à décrocher, à quitter les rails sans prévenir et nous laisser le cul par terre à regarder, l’air ahuri, les audaces folles dont il est capable.
Le bon, la brute et le cinglé était le film le plus attendu de l’histoire du cinéma coréen. Tout y a contribué : un western, un budget pharaonique de dix-sept millions de dollars qui en fait le film le plus cher de l’histoire de Corée, les trois plus grands acteurs du cinéma coréen, les paysages majestueux de Mandchourie, des scènes d’action impressionnantes et l’imagination de Kim Jee-woon. Pendant neuf mois, le film a été tourné sur le continent chinois, allant de Dunhuang, aux portes de la Route de la Soie, en bas du désert de Gobi jusqu’aux chemins de fer de Jia Yu Guan. Seule une infime partie a été tourné à Séoul et à Jeong-eup. Il était essentiel d’aller là-bas pour obtenir cet horizon de vastes plaines qu’on voit dans les westerns.
Il était une fois en Mandchourie… Dans les années 30, le conflit d’intérêts des grandes puissances impérialistes atteint son apogée et la Mandchourie connaît une période difficile. Les chocs culturels et linguistiques entre Russes, Chinois, Mandchous et Coréens créent des situations explosives. Le Cinglé vole une carte aux trésors à un haut dignitaire japonais. La Brute, tueur à gages réputé, est payé pour récupérer cette carte. Le Bon veut retrouver le détenteur de la carte pour empocher la prime. Un seul parviendra à ses fins, s’il réussit à anéantir l’armée japonaise, les voyous chinois, les gangsters coréens... et ses deux adversaires : une véritable histoire de fous Mandchous !
Que dire de plus ? GENIALISSIME